Il y a,
dans la vie, des souvenirs qui collent à l’homme comme la rognure d’une étoffe
détrempée. Éric Izami et Francine Mokoko sont journalistes. Ils ne savent plus effacer
de leur mémoire le traitement méprisant qu’ils ont subi en plein exercice de
leur métier en République démocratique du Congo.
Le 15
mars 2015, Éric s’est attiré la foudre des agents de sécurité pour avoir
déclaré au cours d’une conférence de presse que « La jeunesse congolaise est à la fois le
timonier et le précurseur de la révolution en Afrique. Elle a inspiré beaucoup
des jeunes Africains car, souvenez-vous, elle avait donné le ton avant l’entrée
de l’AFDL (Alliance des Forces démocratiques pour la libération du Congo) ».
Pour avoir osé ainsi réfléchir à haute voix, il a été arrêté.
Francine
Mokoko fait partie de rares femmes journalistes congolaises, braves et
battantes, de toutes les générations. En 26 ans de parcours professionnel, elle
a vu défiler différents régimes politiques au Congo démocratique. Elle connaît,
le moins que l’on puisse dire, le fonctionnement et les rouages de quelques-uns.
Les mauvaises expériences de Francine
sur les violations du droit et de la liberté d’informer, dont elle a été
victime, ne se comptent plus.
Le
franc-parler et le courage de Francine et d’Éric révèlent beaucoup de vérité
sur les risques du métier en RDC. Les deux journalistes ont livré leurs
témoignages devant une cinquantaine de professionnels des médias à Kinshasa au
cours d’un « Café presse » d’Internews-Vox Congo tenu le 30 mars 2017
au Centre des ressources pour les médias (CRM). Le forum du jour était axé sur « Le rôle des journalistes dans la couverture
médiatique des sujets liés aux enjeux sécuritaires ».
Née à
Kinshasa de parents fonctionnaires, Izami, 39 ans, est journaliste reporter à
Antenne A, une chaîne de télévision commerciale privée. Le journaliste aux
traits de plume acérés, à la silhouette gracile, au phrasé vaticinant, est fils
d’un ancien ingénieur mécanicien de l’Office national de transport (Onatra),
actuelle Société commerciale des ports et des transports (SCPT).
Francine
Mokoko est, elle, correspondante de TV5 Monde-Afrique en RDC. Il serait
fastidieux de raconter tous les horribles et tragiques épisodes vécus par cette
journaliste. Mieux vaut simplement l’écouter et se laisser emporter par les
rebonds de son histoire sur les violations des droits de l’homme au Congo démocratique.
Lorsqu’Izami
et Mokoko parlent, ils ont tous les deux le réalisme et le réflexe vifs de
journaliste. Ils transpirent l’optimisme rassurant des chevaliers de la plume
qui ne se résignent pas à renoncer au journalisme, un métier qui n’hésite pas,
en RDC, de vous expédier droit sur la ligne de front de la bataille pour la consolidation
de la démocratie.
Cet
article ne se limite pas à un simple récit. Il détaille, dans le diaporama
sonore, toutes les violations du droit à l’accès aux sources d’information ainsi
que les arrestations qui ponctuent l’aventure professionnelle de ces deux
journalistes, lesquels méritent bien une fière chandelle. Des témoignages
émouvants à absolument écouter sur ce diaporama sonore.
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