Il y a,
dans la vie, des souvenirs qui collent à l’homme comme la rognure d’une étoffe
détrempée. Éric Izami et Francine Mokoko sont journalistes. Ils ne savent plus effacer
de leur mémoire le traitement méprisant qu’ils ont subi en plein exercice de
leur métier en République démocratique du Congo.
Le 15
mars 2015, Éric s’est attiré la foudre des agents de sécurité pour avoir
déclaré au cours d’une conférence de presse que « La jeunesse congolaise est à la fois le
timonier et le précurseur de la révolution en Afrique. Elle a inspiré beaucoup
des jeunes Africains car, souvenez-vous, elle avait donné le ton avant l’entrée
de l’AFDL (Alliance des Forces démocratiques pour la libération du Congo) ».
Pour avoir osé ainsi réfléchir à haute voix, il a été arrêté.
Francine
Mokoko fait partie de rares femmes journalistes congolaises, braves et
battantes, de toutes les générations. En 26 ans de parcours professionnel, elle
a vu défiler différents régimes politiques au Congo démocratique. Elle connaît,
le moins que l’on puisse dire, le fonctionnement et les rouages de quelques-uns.
Les mauvaises expériences de Francine
sur les violations du droit et de la liberté d’informer, dont elle a été
victime, ne se comptent plus.