vendredi 18 mai 2012

RDC/Conflits armés : Les Kivus sont à nouveau déchirées…les rebelles changent d’appellation,…des Journalistes sont arrêtés…les Fardc sont incapables d’assurer la sécurité des populations

Les minerais du sang au Nord-Kivu CP: Thouny Betu
Les conflits armés ont repris de plus bel au Nord-Kivu. A l’origine : un nouveau soulèvement d’un groupe d’anciens rebelles du Congrès National pour la Défense du Peuple, CNDP, qui avait pourtant rejoint les rangs des Forces Armées de la République Démocratique du Congo, RDC en 2009. En tête du peloton fâché contre le pouvoir Congolais en place : Bosco Ntaganda, 38 ans, ancien ami et compagnon de lutte du général rebelle Laurent Nkundabatware, président du CNDP, arrêté le 23 Janvier 2009 par l’Armée Rwandaise et actuellement détenu en résidence surveillée ou protégée au Rwanda.



Laurent Nkundabatware est visé depuis Septembre 2005 par un mandat d’arrêt du gouvernement Congolais pour crimes de guerre à Bukavu au Sud-Kivu. Tandis que le général Bosco Ntaganda, qui avait accepté de rejoindre le rang des Fardc en 2009 est depuis 2006 sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour Pénale Internationale pour crimes de recrutement, conscription et utilisation active d’enfants âgés de moins de 15 ans dans le rang des  troupes rebelles et de les avoir fait participer aux combats. Les crimes dont Bosco Ntaganda, est accusé ont été commis en Ituri en Province Orientale durant la guerre inter-ethnique entre Hema et Lendu par des miliciens de l’Union des patriotes congolais, UPC, dont il était l’un des chefs militaires.
                             Depuis le 8 Mai dernier, le Nord-Kivu est déchiré par des conflits armés. Les combats  opposent les troupes loyalistes des Fardc aux troupes des mutins du CNDP, ce dernier mué en Mouvement 23. Les rebelles affirment avoir changé d’appellation.
« Nous sommes  maintenant devenu le  M23. Nous voulons  redynamiser l’accord de paix signé le 23 mars 2009 entre le CNDP et le Gouvernement Congolais», ont indiqué les mutins dans un communiqué rendu public le 29 avril dernier.
                      Avant l’annonce, dans un communiqué officiel de la trêve stratégique des combats par les Fardc le 11 Mai dernier, des violents affrontements ont eu lieu à Mushaka, Runyonyi, Chanzu, des localités situées dans le territoire de Masisi, entrainant ainsi une forte vague et un afflux considérable de déplacés internes et refugiés. 
                              Les familles, hommes, femmes et enfants se sont dispercés. D’autres enfants se retrouvent seuls car les parents tués. Le déplacement a été forcé, inattendu ou brusque. Le fil indien des déplacés est une scène poignant. Des enfants avec des poids sur la tête, des femmes avec des bagages et enfants portés sur le dos. Un grand nombre meurt sur la route suite à l’épuisement ou aux maladies.  Des milliers de réfugiés ont été enregistré dans divers camps  au Rwanda et un nombre important des déplacés internes  dans une trentaine d’écoles, églises ou camps au Nord-Kivu. Selon le Haut-Commissariat de l’Onu pour les Réfugiés, Hcr, depuis le déclenchement de cette nouvelle guerre en avril 2012, l’ONU dénombre au Nord-Kivu 40.000 déplacés de guerres internes, alors que 30.000 personnes auraient fui en Ouganda et 8.500 au Rwanda.
                         La situation devient de plus en plus complexe. Depuis le début des combats, environ onze Casques bleus de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation de la RDC ont été blessés. Selon un étudiant à Bukavu, ayant requis l’anonymat et contacté par « SANGO ya RDC », « le 14 mai dernier, à BUNYAKIRI situé dans le territoire de KALEHE au Sud-Kivu, la population a protesté contre l’inaction des Casques bleus. La  foule en colère, exaspérée par l’inaction des casques bleus, a attaqué leur position des casques bleus par des jets des pierres et autres armes blanches devant le campement  de la Mission des Nations-Unies pour la stabilisation de la RDC. Conséquence : 11 soldats pakistanais de cette mission ont été blessés.
                      La goutte qui a fait déborder la vase a été l’assassinat, la nuit du 13 au 14 mai, de 22 personnes et 15 autres grièvement blessées par l’attaque de la rébellion rwandaise Forces Démocratique pour la Libération du Rwanda,FDLR, pas loin des positions de ces Casques bleues, sans que ces deniers n’interviennent, explique-t-il et d’ajouter : Ces soldats, soit disant de la paix, sont stationnées tranquillement à Bunyakiri et observent impuissamment les multiples massacres des populations civiles.
Mardi 16 Mai dernier sur les ondes de la radio Okapi, le chef de bureau de la Monusco, ALOUYS a affirmé ceci : « La population ne doit pas suspecter lorsqu’elle voit les FDLR être
reçus dans les tentes des Casques blues, car c’est pour les sensibiliser au rapatriement chez eux au Rwanda ».
                                          Le Nord-Kivu, une des provinces touristique de la RDC déchirée pendant plus d’une quinzaine d’années par des conflits, tensions et guerres et toutes formes de tuerie ou violences sexuelles n’en finit pas d’attirer l’attention. Le Nord Kivu occupe 2,5% de la superficie du pays, soit 59.483km2.
                               Elle est limitée au Nord Est par l'Ouganda, au Sud Est par le Rwanda, au Nord et à l'Ouest par la province orientale, à l'Ouest par le Maniema et au Sud par la province du Sud Kivu.  De la faune à la flore en passant par le sous-sol, le Nord-Kivu est marquée par la présence du volcan Nyarangongo, du Edouard et lac Kivu avec son gaz méthane. Riche en coltan, cassitérite et l’or est-elle victime de ses richesses ? Que gagnent les mutins et les dissidents ? Nombreux rapports d’enquêtes d’ongs humanitaires ont démontré que les conflits armés dans l’Est de la RDC favorisent le commerce illicite des minerais. Si les raisons de dissidence en 2004 du CNDP étaient « la protection de la minorité tutsi sur le sol Congolais », aujourd’hui elles ne tiennent plus après la mise en place de certaines institutions démocratiques. En 2006, après les premières élections démocratiques en RDC, le parlement a été installé.
                                       Les Congolais tutsi sont représentés au Sénat comme à l’Assemblée nationale.    La France, dans un communiqué de sa représentation diplomatique parvenu à notre rédaction, condamne  acte et appelle les autorités Congolaise à s’assurer que les auteurs soient traduits en justice.  
                                         La guerre qui s’immisce dans le quotidien des populations du Kivu fragilise la région de Grand-Lacs, déstabilise la vie sociale et ralenti le progrès ou le développement. Face à cette situation, les journalistes sont devant dures épreuves. Puisqu’au Nord-Kivu, des autorités locales affichent une forte hostilité aux médias.
                                            Dans un communiqué parvenu à notre rédaction du site,  Reporters sans frontières s’inquiète de la multiplication des cas d’entraves à la liberté d’informer recensés dans les régions en conflits, au cours des deux semaines. En quinze jours, une radio a été fermée manu militari, onze journalistes ont été interpellés, dont trois sont toujours détenus, et des menaces ont été proférées à l’encontre de deux journalistes.
« Le 13 mai 2012 au matin, la radio Liberté, située à Butembo dans la province du Nord-Kivu, a été fermée pour trois mois, sur ordre du maire de la ville. Les neufs journalistes présents sur les lieux ont été arrêtés par l’Agence nationale de renseignement (ANR), tandis que l’animateur Kashigwe Binjamin avait été arrêté plus tôt à son domicile n’a pas été relâché », indique le communiqué. “Nous sommes choqués par cette décision arbitraire de fermer la station, alors que les habitants ont un besoin vital d’informations en ces temps de grande insécurité. De quel droit se prévaut une autorité exécutive locale pour se substituer à la justice et imposer le verrouillage d’une radio ? Au nom de quelle procédure, cette même autorité procède-t-elle à l’interpellation de l’ensemble des journalistes qui y travaillent ? Depuis quand les agents de l’ANR opèrent-ils à des fins privées et partisanes, au mépris des lois ? Consternés par ces abus de pouvoir, nous demandons la libération de l’animateur encore détenu, et la réouverture immédiate de la radio”,  réagit l’ong.
                             En début d’après-midi, les habitants du quartier de Furu, informés à travers  les médias locaux, ont protesté  devant les bâtiments de l’ANR  contre l’interpellation des journalistes. Ceux-ci sont finalement relâchés, à l’exception de l’animateur Kashigwe Binjamin, qui est gardé à vue par la police criminelle.
                       L’affaire fait suite à l’émission matinale “Animation Volcan” du 7 mai 2012, présentée par Kashigwe Binjamin. Ce dernier interviewait, par téléphone, le général La Fontaine et le colonel déserteur Kahasha, qui combattent l’armée régulière dans les territoires de Lubero et Rutshuru, au sud de Butembo.
                        Par un arrêté en date du 12 mai 2012, le maire de Butembo juge que les deux entretiens constituent “une campagne de dénigrement du gouvernement de la RDC et de démoralisation des troupes loyalistes ; ce qui constitue une infraction d’atteinte à la sûreté de l’Etat” ; estime Reporters sans frontières.
Le maire a exigé alors la suspension temporaire de la station pour une durée de trois mois.
                         Reporters sans frontières dénonce le climat d’insécurité qui règne dans cette région, et demande aux autorités locales de tout mettre en œuvre pour que cessent rapidement menaces et agressions à l’égard des journalistes.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Votre commentaire demeure d'une importance capitale dans ce sujet. Il va éclairer la lanterne de plus d'un...N'hésiter pas à commenter.