vendredi 16 décembre 2011

Les observateurs internationaux unanimes sur les irrégularités observés aux élections en RDC

La question alimente toutes les conversations en ce moment dans la capitale Congolaise. Joseph Kabila Kabange parviendra-t-il à faire accepté le verdict contesté par l'opposition? Parviendra-t-il à se succéder? Les rapports des observateurs internationaux sur la non crédibilité des élections ne cesse de se multiplier, malgré la publication il y a près d'une semaine par la Commission Électorale Nationale Indépendante, des résultats provisoires de l’élection présidentiel du 28 Novembre dernier.
La Mission de l’Union Européenne, institution la plus crédible a dans un communiqué parvenu à www.sangordc.blospot.com, précisé que plusieurs procès-verbaux relevés par ses observateurs contrastaient nettement avec ceux publiés par la ceni dans certaines provinces dont Kinshasa, le Katanga et le Sud-Kivu. « La procédure de compilation des résultats a laissé apparaître des situations très contrastées. Ainsi, si les équipes de la mission d’observation de l’Union Européenne ont observé une organisation plutôt efficace au Bas-Congo, dans le Nord-Kivu ou encore dans certaines parties de la Province Orientale, les Centres locaux de compilation des résultats,CLCR de Kinshasa, du Sud-Kivu, de l'Equateur et du Sud Katanga ont connu des situations organisationnelles plus difficiles, voire chaotiques. La transmission des plis sécurisés à destination de la CENI, du Secrétariat Exécutif Provincial (SEP) et de la Cour Suprême de Justice (CSJ) n'a pas été systématique et immédiate. Enfin, le système de transmission des résultats par satellite, dit « V-sat », n'était pas présent partout », indique le communiqué. 
 D’après le rapport de cette équipe d’experts Européens, la procédure de compilation des résultats au niveau des Commission locales de recensement devaient être garantie par la présence des témoins des candidats et ou des partis politiques à toutes les étapes de la compilation, leurs signatures de la fiche de compilation et du procès-verbal ainsi que l'affichage public des résultats agrégés au niveau du territoire (selon l'article n°70 de la loi électorale). Selon l'Union Européenne, cette étape a connu plusieurs entorses qui met en cause la question de la crédibilité des résultats de  plusieurs Commission locales. Les procédures ont ainsi été jugées peu transparentes par les observateurs Européens dans quatre provinces (Katanga, Sud-Kivu, Kinshasa et Province Orientale) où plusieurs témoins de candidats des partis politiques et observateurs ont été empêchés d'observer l'ensemble des étapes de la compilation.
Enfin, souligne le rapport, en contradiction avec la loi électorale, le bureau de la CENI  a demandé à plusieurs Commission locales de recensement des résultats, de ne pas afficher immédiatement les résultats de la compilation mais de les envoyer d'abord au siège de la CENI afin de réaliser « un contrôle de cohérence ». Les observateurs  ont été  les témoins de cette entorse à la loi  à Goma, Mbandaka, Mbanza-Ngungu, Kinshasa, Kisangani et Lubumbashi.  L’Union Européenne, note par ailleurs qu’un nombre important de résultats, répartis sur l'ensemble du territoire, n'ont pas été comptabilisés. Selon la CENI, ces résultats sont au nombre de 4.875 dont 2.020 pour la ville-province de Kinshasa, soit 7,63% du total national. En prenant le nombre moyen d'électeurs par résultats donné par la CENI, 331, ces  4.875 BV non comptés représentent 1,6 millions d'électeurs, souligne le rapport. 
 Ainsi, précise le document, la publication des résultats provisoires reste caractérisée par un  manque de transparence. « Si la CENI a finalement publié des résultats détaillés par bureaux de vote, ils ne comprennent pas le scanner des procès-verbaux de chaque résultat établis à la fin du dépouillement. Ces résultats ne reprennent que la saisie informatisée des Procès verbaux, réalisée au sein des commission locales de recensement ds résultats, parfois sans témoins. Plusieurs résultats rendus publics le soir du dépouillement et observés par nos équipes sur le terrain, notamment à Lubumbashi, ne correspondent pas avec ceux publiés par la CENI », renchérit le rapport de la mission d’observation Européenne. 
 Le 9 Décembre dernier, la Ceni avait annoncé Kabila Kabange vainqueur de l’élection présidentielle. Le jeune président, qui a fêté ses 40 ans le 4 Juin dernier, avec à l’actif une expérience de plus d’une dizaine d’années à la tête du Congo-Démocratique dont cinq ans comme chef de l’Etat élu, l’emporte, selon la Ceni, avec 48, 95% des voix contre 32, 33 % de voix pour son challengeur, Etienne Tshisekedi, président national de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (Udps).
Il aura fallu moins d'une heure pour que les protestataires lèvent le ton et prennent d’assaut les rues des quartiers et communes de Kinshasa. Dans quelques communes notamment Masina, Kalamu, Selembao, Kasa-vubu, Kimbanseke, Ndjili, Lemba et Matete, les partisans de l’Udps ont brulés des pneus dans les rues et avenues pour manifester leur ras-le-bol et mécontentements contre  la Ceni. « Nous ne voulons plus de Kabila. C’est un Rwandais, un étranger. Il doit rentrer dans son pays et laisser le Congo être diriger par un fils du pays », scandaient certains d’entre eux en colère.
A quelques jours de la publication des résultats provisoires de l’élection présidentielle, l’ombre d’un climat lourd présageait dans la ville de Kinshasa. Le report de la publication des résultats prévue pour le 6 décembre avait plongé la capitale Congolaise dans une incertitude. Même si la Ceni avait pris l’option de publier partiellement les résultats 48 heures après le vote du 28 Novembre dernier. Kinshasa a traversé des heures de dépression politique. Une dépression qui s’est traduite par une psychose générale et une poussée des tensions malgré les assurances des militaires et les appels à la population à vaquer à ses occupations quotidiennes. Le bilan des victimes quelques jours avant les élections présidentielles et législatives est lourd. Selon le rapport de Human Rights Watch, au moins 18 civiles ont été tués et une centaine gravement blessés entre le 26 et 28 Novembre dernier lors des différentes manifestations dans la ville de Kinshasa. D’après l’ong Britannique, la plupart des personnes tuées auraient été abattu par des soldats de la garde républicaine.
Aujourd’hui, la vie tente de reprendre son cours normal, mais Kinshasa demeure hanté par le syndrome du 22, 23 Mars 2006 lorsque les forces  loyalistes se sont affrontés avec les éléments de la garde rapprochée de l’ancien Vice-président Jean-Pierre Bemba, détenu actuellement à la Cour Pénale Internationale (Cpi), à la Haye, au Pays-Bas. La Chef observatrice, Mariya Nedelcheva a déclarée sur les ondes de RFI qu' « Il est de la responsabilité des acteurs politiques et des institutions congolaises de mener leur propre examen des résultats des élections et d'identifier les solutions à la situation actuelle. La MOE UE poursuit par ailleurs son évaluation attentive de la compilation des élections législatives jusqu'à l'achèvement  du processus ».

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