mardi 22 janvier 2013

Traité de l’Elysée: Communication de l'ambassadeur de France et celui de l'Allemagne en RDC

 
Nous célébrons aujourd’hui le 50ème anniversaire du Traité de l’Elysée, qui marque la réconciliation franco-allemande après trois guerres meurtrières, dont deux mondiales au XXème siècle. Elles avaient endeuillé et partiellement détruit nos deux pays et une grande partie de l’Europe, comme bien d’autres régions du monde dans lesquelles ces conflits s’étaient propagés, y compris en Afrique. La déclaration de Robert Schuman du 9 mai 1950 a mis fin aux « inimitiés héréditaires » et a ouvert la porte à la réconciliation franco-allemande, vers une Europe plus unie, plus solidaire :" le rassemblement des nations européennes exige que lopposition séculaire de la France et de lAllemagne soit éliminée." Le 22 janvier 1963, le Général Charles De Gaulle et le chancelier Konrad Adenauer, deux grands hommes d’Etat, ont transformé le rêve de Robert Schuman en une réalité quotidiennement vécue.
La jeunesse allemande, en particulier, a accepté avec enthousiasme l'offre du Général De Gaulle de construire une nouvelle Europe, dont le moteur a été la coopération franco-allemande. Ces cinquante dernières années, les relations entre les Français et les Allemands se sont constamment approfondies dans les domaines de la politique, de la sécurité et de l'économie. L'Office franco-allemand pour la jeunesse garantit notamment que les jeunes Français et les jeunes Allemands ne s’affronteront plus jamais les armes à la main. De grands hommes d'Etat ont consolidé cet acquis. A cet égard, chacun en Europe se souvient de cette image symbolique de François Mitterrand et Helmut Kohl, main dans la main le 22 septembre 1984 à Douaumont, près de Verdun, 70 ans après le début de la 1ère Guerre mondiale. Dans les épreuves que traverse actuellement la RDC, il nous semble important de faire savoir à nos amis congolais que, grâce à la vision de ces responsables politiques, deux pays qui s’étaient combattus ont réussi à construire une relation d’amitié qui s’est renforcée au fil des années. Ils se souviendront aussi qu’en 2006, l’opération EUFOR a vu des soldats français, allemands et ceux d’autres nations européennes venir contribuer, à la demande des autorités, au maintien de la paix et de la sécurité des populations congolaises. Aujourd’hui, les Français et les Allemands, avec la coopération étroite des nos partenaires de l'Union européenne, souhaitent partager leur expérience historique avec la RDC. La société congolaise, en effet, comme tous les peuples, a le droit à la paix et à la stabilité. Cela exige l'engagement d’hommes politiques courageux, comme autrefois le Général De Gaulle et le chancelier Adenauer. Cela suppose aussi que le dialogue prime sur la confrontation, que l’intérêt général l’emporte sur les intérêts particuliers. La réconciliation franco-allemande peut servir de modèle en Afrique Centrale, pour que des pays qui se sont combattus hier contribuent à la construction d’un espace régional de paix et de développement. C’est le vœu que nous formulons, en ce début d’année 2013, pour la RDC et ses voisins, que leurs pays et leurs populations puissent se développer dans la paix et la sécurité. La France et l’Allemagne tiennent en grande partie aux liens étroits qu’ont su tisser, au fil du temps et dans tous les domaines, les deux pays. Le Traité sur la coopération franco-allemande dit Traité de l’Elysée, répond à trois objectifs dont sceller symboliquement la réconciliation franco-allemande, créer entre les deux peuples, et en particulier leurs jeunesses, une véritable amitié et favoriser ainsi la « construction de l’Europe unie, qui est le but des deux peuples. Au niveau politique et institutionnel, le Traité met en place un calendrier contraignant de rencontres régulières à tous les niveaux (chefs d’Etats et de gouvernement, Ministres, hauts fonctionnaires), destiné à susciter entre les deux pays un réflexe de coopération
 Ces dispositions ont été par la suite précisées et prolongées par la mise en place de nouvelles structures de concertation. Ainsi, en 1988-1989, à l’occasion du 25ème anniversaire du Traité, ont été créés le Conseil Economique et Financier Franco-Allemand (CEFFA), le Conseil Franco-Allemand de l’Environnement (CFAE) et le Conseil Franco-Allemand de Défense et de Sécurité (CFADS). C’est d’ailleurs dans ce dernier cadre qu’a été lancée la Brigade franco-allemande, qui a débouché elle-même sur l’Eurocorps (1993).

De même, après le Traité de Nice, la France et l’Allemagne ont souhaité accroître les échanges informels au plus haut niveau sur toutes les grandes questions européennes et internationales ; c’est ce qui a conduit à la mise en place du
processus dit de « Blaesheim » qui permet de réunir tous les deux mois environ le Président de la République et le chef du gouvernement allemand, ainsi que leurs Ministres des Affaires étrangères.

Un tandem porté par les sociétés civiles des deux pays

Mais la grande originalité introduite par le Traité réside peut-être d’abord et avant tout dans la forte implication des deux sociétés civiles qu’il encourage, notamment dans les domaines éducatifs, de la recherche, de la culture ou des échanges de jeunes. Un réseau d’une densité inégalée d’institutions binationales, mais aussi d’associations et de jumelages entre collectivités locales, anime et enrichit la coopération franco-allemande. Depuis le 25ème anniversaire du Traité de l’Elysée (22 janvier 1988), les deux gouvernements s’attachent à récompenser cet engagement par l’attribution chaque année à deux personnalités ou institutions françaises et allemandes du Prix de Gaulle – Adenauer. Trois institutions franco-allemandes sont également emblématiques de la richesse et de l’originalité de cette coopération :
  • l’Office Franco-Allemand à la Jeunesse (OFAJ), créé dès 1963 en vertu du Traité de l’Elysée, qui a depuis lors subventionné plus de 250.000 rencontres et permis à environ 7,5 millions de jeunes de découvrir le voisin. Son succès a servi de modèle, du côté français, à l’Office franco-québécois pour la jeunesse, et, du côté allemand, à l’Office germano-polonais pour la Jeunesse.
  • la chaîne de télévision ARTE, dont la création a été décidée en 1990 et qui est une chaîne de référence pour la culture aujourd’hui, même au dehors de l’Europe.
  • l’Université franco-allemande, créée en 1999 lors du Sommet de Weimar, sous forme d’un réseau d’accords entre universités françaises et allemandes, donnant une nouvelle dimension au Collège universitaire franco-allemand qui avait oeuvré avec succès pendant plus de dix ans dans un véritable esprit « biculturel ». 

                                          40 ans du Traité de l’Elysée

La célébration du 40ème anniversaire du Traité de l’Elysée, le 22 janvier 2003, avait été l’occasion de donner un nouvel élan à la coopération franco-allemande. Celle-ci a été marquée par des événements symboliques forts et inédits tels que la tenue du premier Conseil des ministres franco-allemand, une session conjointe de l’Assemblée nationale et du Bundestag à Versailles et une réunion d’un Parlement des jeunes le 23 janvier à Berlin. Le Président de la République et le Chancelier Schröder ont adopté à cette occasion une Déclaration commune qui, tout en rappelant l’acquis de quatre décennies de coopération franco-allemande, fixe à chacun de leurs Ministres réunis en « tandem franco-allemand » de grandes orientations pour poursuivre et approfondir la coopération bilatérale dans une perspective résolument européenne. Ce texte prévoit également plusieurs mesures de renforcement des procédures de concertation bilatérale, dont :
  • tenue des Sommets franco-allemands bimestriels prévus par le Traité de l’Elysée sous la forme de Conseils des Ministres franco-allemands réguliers.
  • désignation dans chaque pays d’un Secrétaire général pour la coopération franco-allemande (SGFA), coordonnant la préparation, la mise en œuvre, le suivi des décisions des instances politiques de concertation et le rapprochement des deux pays dans les instances européennes. Les deux SGFA (les Ministres délégués ou Secrétaires d’État aux Affaires européennes) sont en outre assistés d’un adjoint du pays partenaire.
  • généralisation des échanges de fonctionnaires, y compris au niveau des cabinets ministériels.

Une nouvelle étape de la coopération franco-allemande : l’Agenda 2020

Adopté le 4 février 2010, lors du 12ème Conseil des ministres franco-allemand, l’ Agenda 2020 marque la volonté de la France et de l’Allemagne de se fixer des objectifs ambitieux, pour faire de la coopération entre les deux pays un moteur de croissance durable, européenne et au service des peuples.

"La France et l’Allemagne partagent une même vision de leur avenir à l’horizon 2020", affirme le Préambule de l’Agenda. Six domaines de travail commun, assortis d’objectifs chiffrés, illustrent concrètement cette volonté de mettre en oeuvre une nouvelle vision commune.
Bénéficiant d’un acquis indéniable et d’une force d’impulsion unique, la coopération entre la France et l’Allemagne se renouvelle et s’adapte continuellement pour faire face aux grands enjeux européens et mondiaux.

 

 

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