Nous célébrons
aujourd’hui le 50ème anniversaire du Traité de l’Elysée, qui marque la
réconciliation franco-allemande après trois guerres meurtrières, dont deux
mondiales au XXème siècle. Elles avaient endeuillé et partiellement
détruit nos deux pays et une grande partie de l’Europe, comme bien d’autres
régions du monde dans lesquelles ces conflits s’étaient propagés, y compris en
Afrique. La déclaration de Robert Schuman du 9 mai 1950 a mis fin aux « inimitiés
héréditaires » et a ouvert la porte à la réconciliation franco-allemande, vers
une Europe plus unie, plus solidaire :" le rassemblement des
nations européennes exige que l’opposition
séculaire de la France et de l’Allemagne soit
éliminée." Le 22 janvier
1963, le Général Charles De Gaulle et le chancelier Konrad Adenauer, deux
grands hommes d’Etat, ont transformé le rêve de Robert Schuman en une réalité
quotidiennement vécue.
La jeunesse allemande, en particulier, a accepté avec
enthousiasme l'offre du Général De Gaulle de construire une nouvelle Europe,
dont le moteur a été la coopération franco-allemande. Ces cinquante dernières
années, les relations entre les Français et les Allemands se sont constamment
approfondies dans les domaines de la politique, de la sécurité et de l'économie.
L'Office franco-allemand pour la jeunesse garantit notamment que les jeunes
Français et les jeunes Allemands ne s’affronteront plus jamais les armes à la
main. De grands hommes d'Etat ont consolidé cet acquis. A cet égard, chacun en
Europe se souvient de cette image symbolique de François Mitterrand et Helmut Kohl,
main dans la main le 22 septembre 1984 à Douaumont, près de Verdun, 70 ans
après le début de la 1ère Guerre mondiale. Dans les épreuves
que traverse actuellement la RDC, il nous semble important de faire savoir à
nos amis congolais que, grâce à la vision de ces responsables politiques, deux
pays qui s’étaient combattus ont réussi à construire une relation d’amitié qui
s’est renforcée au fil des années. Ils se
souviendront aussi qu’en 2006, l’opération EUFOR a vu des soldats français,
allemands et ceux d’autres nations européennes venir contribuer, à la demande
des autorités, au maintien de la paix et de la sécurité des populations
congolaises. Aujourd’hui, les
Français et les Allemands, avec la coopération étroite des nos partenaires de
l'Union européenne, souhaitent partager leur expérience historique avec la RDC.
La société congolaise, en effet, comme tous les peuples, a le droit à la paix
et à la stabilité. Cela exige l'engagement d’hommes politiques courageux, comme
autrefois le Général De Gaulle et le chancelier Adenauer. Cela suppose aussi
que le dialogue prime sur la confrontation, que l’intérêt général l’emporte sur
les intérêts particuliers. La réconciliation franco-allemande peut servir de
modèle en Afrique Centrale, pour que des pays qui se sont combattus hier
contribuent à la construction d’un espace régional de paix et de développement. C’est le vœu que
nous formulons, en ce début d’année 2013, pour la RDC et ses voisins, que leurs
pays et leurs populations puissent se développer dans la paix et la sécurité. La France et
l’Allemagne tiennent en grande partie aux liens étroits qu’ont su tisser, au
fil du temps et dans tous les domaines, les deux pays. Le Traité sur la coopération
franco-allemande dit Traité de l’Elysée,
répond à trois
objectifs dont sceller symboliquement
la réconciliation franco-allemande, créer entre les deux peuples, et en
particulier leurs jeunesses, une véritable amitié et favoriser ainsi la « construction de l’Europe
unie, qui est le but des deux peuples. Au niveau politique et
institutionnel, le Traité met en place un calendrier contraignant de rencontres
régulières à tous les niveaux (chefs d’Etats et de gouvernement, Ministres,
hauts fonctionnaires), destiné à susciter
entre les deux pays un réflexe de coopération.
Ces dispositions ont été par la suite
précisées et prolongées par la mise en place de nouvelles structures de
concertation. Ainsi, en 1988-1989, à l’occasion du 25ème anniversaire du
Traité, ont été créés le Conseil Economique et Financier
Franco-Allemand (CEFFA), le Conseil Franco-Allemand de l’Environnement
(CFAE) et le Conseil Franco-Allemand de Défense et
de Sécurité (CFADS). C’est d’ailleurs dans ce dernier
cadre qu’a été lancée la Brigade franco-allemande, qui a débouché elle-même sur l’Eurocorps (1993).
De même, après le Traité de Nice, la France et l’Allemagne ont souhaité accroître les échanges informels au plus haut niveau sur toutes les grandes questions européennes et internationales ; c’est ce qui a conduit à la mise en place du processus dit de « Blaesheim » qui permet de réunir tous les deux mois environ le Président de la République et le chef du gouvernement allemand, ainsi que leurs Ministres des Affaires étrangères.
De même, après le Traité de Nice, la France et l’Allemagne ont souhaité accroître les échanges informels au plus haut niveau sur toutes les grandes questions européennes et internationales ; c’est ce qui a conduit à la mise en place du processus dit de « Blaesheim » qui permet de réunir tous les deux mois environ le Président de la République et le chef du gouvernement allemand, ainsi que leurs Ministres des Affaires étrangères.
Mais la
grande originalité introduite par le Traité réside peut-être d’abord et avant
tout dans la forte implication des deux
sociétés civiles qu’il encourage, notamment dans les domaines éducatifs,
de la recherche, de la culture ou des échanges de jeunes. Un réseau d’une
densité inégalée d’institutions binationales, mais aussi d’associations et de
jumelages entre collectivités locales, anime et enrichit la coopération
franco-allemande. Depuis le 25ème anniversaire du Traité de l’Elysée (22
janvier 1988), les deux gouvernements s’attachent à récompenser cet engagement
par l’attribution chaque année à deux personnalités ou institutions françaises
et allemandes du Prix de Gaulle – Adenauer. Trois institutions franco-allemandes
sont également emblématiques de la richesse et de l’originalité de cette
coopération :
- l’Office Franco-Allemand à la Jeunesse (OFAJ), créé dès 1963 en vertu du
Traité de l’Elysée, qui a depuis lors subventionné plus de 250.000
rencontres et permis à environ 7,5 millions de jeunes de découvrir le
voisin. Son succès a servi de modèle, du côté français, à l’Office
franco-québécois pour la jeunesse, et, du côté allemand, à l’Office
germano-polonais pour la Jeunesse.
- la chaîne de télévision ARTE, dont la création a été décidée en 1990 et qui est une chaîne de référence pour la culture aujourd’hui, même au dehors de l’Europe.
- l’Université franco-allemande, créée en 1999 lors du Sommet
de Weimar, sous forme d’un réseau d’accords entre universités françaises
et allemandes, donnant une nouvelle dimension au Collège universitaire
franco-allemand qui avait oeuvré avec succès pendant plus de dix ans dans
un véritable esprit « biculturel ».
La
célébration du 40ème anniversaire du Traité de l’Elysée, le 22 janvier 2003,
avait été l’occasion de donner un nouvel élan à la coopération
franco-allemande. Celle-ci a été marquée par des événements symboliques forts
et inédits tels que la tenue du premier Conseil des
ministres franco-allemand, une session conjointe de l’Assemblée nationale et du
Bundestag à Versailles et une réunion d’un Parlement des jeunes le 23 janvier à
Berlin. Le Président de la République et le Chancelier Schröder ont adopté à
cette occasion une Déclaration commune qui, tout en rappelant l’acquis de
quatre décennies de coopération franco-allemande, fixe à chacun de leurs
Ministres réunis en « tandem franco-allemand » de grandes orientations pour
poursuivre et approfondir la coopération bilatérale dans une perspective
résolument européenne. Ce texte prévoit également plusieurs mesures de
renforcement des procédures de concertation bilatérale, dont :
- tenue des Sommets franco-allemands bimestriels prévus par le Traité de l’Elysée sous la forme de Conseils des Ministres franco-allemands réguliers.
- désignation
dans chaque pays d’un Secrétaire général pour la coopération franco-allemande (SGFA), coordonnant la préparation,
la mise en œuvre, le suivi des décisions des instances politiques de
concertation et le rapprochement des deux pays dans les instances
européennes. Les deux SGFA (les Ministres délégués ou Secrétaires d’État
aux Affaires européennes) sont en outre assistés d’un adjoint du pays
partenaire.
- généralisation des échanges de fonctionnaires, y compris au niveau des cabinets ministériels.
Adopté le 4
février 2010, lors du 12ème Conseil des ministres franco-allemand, l’ Agenda 2020 marque la volonté de la France et
de l’Allemagne de se fixer des objectifs ambitieux, pour faire de la
coopération entre les deux pays un moteur de croissance durable, européenne et
au service des peuples.
"La France et l’Allemagne partagent une même vision de leur avenir à l’horizon 2020", affirme le Préambule de l’Agenda. Six domaines de travail commun, assortis d’objectifs chiffrés, illustrent concrètement cette volonté de mettre en oeuvre une nouvelle vision commune.
Bénéficiant d’un acquis indéniable et d’une force d’impulsion unique, la coopération entre la France et l’Allemagne se renouvelle et s’adapte continuellement pour faire face aux grands enjeux européens et mondiaux.
"La France et l’Allemagne partagent une même vision de leur avenir à l’horizon 2020", affirme le Préambule de l’Agenda. Six domaines de travail commun, assortis d’objectifs chiffrés, illustrent concrètement cette volonté de mettre en oeuvre une nouvelle vision commune.
Bénéficiant d’un acquis indéniable et d’une force d’impulsion unique, la coopération entre la France et l’Allemagne se renouvelle et s’adapte continuellement pour faire face aux grands enjeux européens et mondiaux.
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