Une mission d’évaluation de Caritas-Développement de l’archidiocèse de Mbandaka-Bikoro de la situation des victimes de guerre tribale survenue à Yumbi a séjournée dans cette partie de la République Démocratique du Congo, Rdc, du 30 janvier au 6 février 2019, selon un communiqué parvenu à Sango ya RDC.
L’objectif principal de la mission était d’évaluer les effets de la guerre entre les deux tribus dans le territoire de Yumbi : les Banunu et les Bantende.
Dans son rapport daté du 8 février 2019 et signé par l’abbé Iyeli Nsono Louis, Coordonnateur de la Caritas- Développement Mbandaka-Bikoro, la mission a indiqué qu’elle avait ciblé ces sites Lukolela centre ; Bongonda(Socobelam) à Lukolela ; Yumbi centre ; Nkolo-yoka ; et Bongende. 3 autres personnes accompagnaient l’abbé dans cette mission.
Des habitations brûlées après le chant des coqs dans la cité Crédit Photo: Droits réservés |
La mission fait remarquer
que le conflit tribal entre Nunu et Ntende date de longtemps suite à la gestion de terre. Les affrontements de 1945, 1963 et 2006 ont fait plusieurs morts. Pendant les élections de 2011, il y a eu dispersion de la population par les agents de l’ordre en tirant de coups de feu en l’air. Cette fois-là il n’y avait pas eu mort d’hommes.
Les récents événements de décembre 2018 trouvent leurs origines à partir de l’enterrement du chef Mantoma de groupement Banunu Bobangi, au sein de la concession du bureau de groupement comme ça été fait pour son prédécesseur, son père. Le peuple Ntende vivant avec les Nunu n’était pas d’accord que le Chef soit enterré dans cette concession avec prétexte que la terre leur appartient. Donc, le chef de groupement devait être inhumé au cimetière d’ensemble comme tout le monde. Finalement, les Nunu ont réussi à enterrer le chef à côté du tombeau de son père, dans la concession du groupement, dimanche 16 décembre 2018, vers 3 heures du matin.
Les Ntende ont déclenché la guerre pour manifester leur colère vis-à-vis de l’acte posé par les Nunu, le même dimanche jusqu’au 17 Décembre. Les affrontements ont eu lieu en plein centre de Yumbi, à Bongende et à Nkolo-Yoka. Ils ont causé plusieurs morts ainsi que des dégâts matériels importants.
Le village Bongende en particulier reste actuellement sans maisons avec un mouvement de population résidente en déplacement à Bolobo, Lukolela et vers le Congo Brazzaville, précisément à Makotipoko.
L’utilisation des armes civiles à feu ainsi que des armes militaires a été remarquable dans les accrochages, sans oublier les armes blanches. Quelques personnes interrogées, soupçonneraient '' l’existence d’une main noire qui aurait tout planifié''.
Comme résultats de l’évaluation, en dehors de cas isolés, voici les données récoltées sur terrain par la mission : Pertes en vies humaines : plus de 800 morts sans compter les personnes brulées vives dans les maisons et celles qui sont mortes par noyades dans le fleuve en fugitifs ;
- Ecoles brulées, détruites et pillées : 20 (dont 13 à Yumbi et 7 Bongende et Nkolo-yoka) ;
- Bureau de la CENI : 1 à Yumbi ;
- Eglises incendiées : 3
- Maisons d’habitation brulées : 1539 (dont 804 à Bongende, Nkolo-yoka 235 et 500 à Yumbi centre) ;
- Personnes déplacées : 19.000 (dont 16.000 sont réfugiées en république du Congo Brazzaville (à Makotimpoko), 3.000 à Lukolela, Bolobo, campements environnants, Cure des prêtres à Yumbi et chez les Sœurs Filles de la charité Yumbi);
- Existence des foyers de tension et conflit interethniques ;
- Marchés pilés et incendiés: 3 (dont 2 à Yumbi et 1 à Nkolo-yoka) ;
- Formations sanitaires et pharmacies pillées et incendiées : 9 (6 à Yumbi, 1 à Nkolo-yoka et 2 à Bongende) ;
- Pirogues de pêches et de voyage perdues : 385 (dont 230 à Yumbi, 68 à Nkolo-yoka et 83 à Bongende) ;
- Ménages affectés : 21673 ;
- Maladie fréquente de la région : paludisme, les infections respiratoires aigües, diarrhée et anémie.
- Existence des fosses communes en pleine cité, dans les lieux d’habitation, ainsi que des morts couverts avec des tas terre dans leurs lieux de supplice puisque décomposés sur place.
Dans ses suggestions et recommandations, la mission demande aux humanitaires intervenants en faveur de la communauté de Yumbi de créer un cadre approprié d’échange et de communication. A l’Etat congolais, de fournir un effort afin de faire retourner les déplacés de la communauté de Yumbi dans leurs sites d’habitation habituels; de prendre des initiatives et de nouvelles stratégies de réconciliation des groupes en conflits en vue de préserver un climat de paix durable.
La mission d’évaluation de Caritas-Développement de Mbandaka-Bikoro sollicite l’implication de la commission diocésaine Justice et paix.
Envisager la possibilité d’exhumer les corps en vue d’un enterrement digne des personnes humaines. Cela aiderait aussi la population à ne pas voir les sépultures partout, dans les rues et lieux d’habitation.
Dans sa conclusion, la mission estime que le Gouvernement Congolais, les personnes de bonnes volonté et les structures intervenant dans le cadre humanitaire s’impliquent pour aider la communauté de Yumbi et ses environs à sortir de cette crise qui plonge la population dans un état de vulnérabilité avancé.
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