jeudi 22 septembre 2016

Des tueries sans condamnation en RDC, les policiers ont joué aux pyromanes


Le concept approprié pour décrire ce qui s’est passé,  le 19 et 20 septembre 2016, à Kinshasa, est ‘’tuerie’’. La police nationale Congolaise a utilisé des armes létales, en dehors des gaz lacrymogènes,  pour dissuader les marcheurs et autres manifestants lors de la marche convoquée par l’Udps et le Rassemblement (Plate-forme née des assises de Genval à Bruxelles, en Belgique en Juin 2016), a-t-on constaté. Pour ceux qui ont déjà vu, en face, ce qu’un tir ciblé peut occasionner dans le corps d’un individu, ce que nous avons vu, au-delà des photos et images prises par des témoins, ne laissent aucune place au doute. Des fémurs visibles à l’œil nu, des graves blessures avant que mort ne s’en suive. Alors, on est obligé de se demander : ‘’ A qui attribuer toutes ces morts’’ ?
4 morts dont une femme et trois hommes le 19 septembre 2016 sur l'avenue Tshibangu à Bandalungwa CP: Sylvain Lukongo
Le nombre des familles endeuillées à Kinshasa et des morts enregistrées ne fait qu’alimenter un feu de colère qui couve depuis longtemps dans la capitale Congolaise. La crise s’accentue. Cette situation ne fait qu’établir ou mieux élargir  un nouveau cercle de crise. La police nationale Congolaise a donné un bilan provisoire de  17morts, de plusieurs blessés et des dégâts matériels, dans une déclaration lue sur la télévision publique RTNC (Radiotélévision nationale Congolaise). « Le nombre exact des victimes reste difficile à donner car,  il y’a eu des tirs à bout portant et non pas seulement des balles perdues qui auraient causée  mort d’hommes», affirme un défenseur des droits de l’homme sous couvert d’anonymat. L’Udps, elle, parle de  « Plus de 100 morts en 48heures, dont un enfant mineur de 15 ans, de plus de 2500 interpellés, détenus aux camps Kokolo, Thatshi, Lufungula, à l’Anr et dans d’autres villes du pays,  notamment à Lubumbashi, Mwene Ditu, Kisangani, Matadi, Tshikapa etc, plusieurs disparus et 4 sièges de partis politiques de l’opposition incendiés », a indiqué  Jean-Marc Kabund-a-Kabund, Secrétaire général de l’Udps,  dans une conférence de presse,  le 21 septembre 2016,  à Kinshasa. ‘’ Dans mon quartier, cinq familles sont en deuil. Ma voisine qui vend du sel et du piment au coin de notre ruelle est décédée de suite d’une balle perdue. Les quatre autres victimes sont trois jeunes garçons et une jeune fille, sortis pour cette marche et dont les corps ont été retrouvés inertes, sans vie, devant la porte d’une école à Bandal. Ils ont, tous,  reçu des balles », témoigne Guanzu Kabuya, un vendeur des jus,  au rez-de –chaussée de l’immeuble Botour, dans la commune de la Gombe et résidant à Binza ozone (un des quartiers de la commune de Ngaliema). 

Un jeune homme blessé par une balle perdue sur la 7ème rue Limete sur le boulevard Lumumba CP: Sylvain Lukongo


Il est un fait : Partout au monde, aujourd’hui, aucun gouvernement n’a le droit d’utiliser les armes létales pour disperser la foule ou  des manifestants, pour ensuite imputer la responsabilité aux  initiateurs de la manifestation. La marche de l’Udps et du Rassemblement n’était qu’un test, un baptême de feu pour Joseph Kabila qui a eu le privilège de gouverner la RDC juste après la mort de Laurent Désiré Kabila, son père et pour avoir organisé les premières élections libres du Congo démocratique  de 2006 et de 2011. A analyser et à suivre, de près, la situation du 19 et 20 septembre 2016, il faut que Joseph Kabila  - qui se laisse persuader par la Majorité présidentielle de s’éterniser  au pouvoir avec l’espoir que rien de grave ne surviendrait en RDC  à la manière du Burundi, du Congo-Brazzaville, du Gabon ou de la Côte-d’Ivoire etc. -   se pose les bonnes questions surtout s’il a réellement l’intention de briguer un troisième mandat pour diriger –avec à l’actif 15 ans de règne - la RDC. Sur quoi «Joseph Désiré Mobutu –paix à son âme- avait-il  échoué avant d’amorcer sa descente aux enfers ? Par l’armée, la gendarmerie ou la police et sa garde prétorienne et rapprochés. La chance de réussite d’encadrement de la marche du 19 septembre était minime. Un grand nombre des policiers commis le 19 septembre dans certains endroits n’avaient pas touché leurs soldes ? Encore faudrait-il en soulever le montant exact pour un agent en uniforme. Par conséquent et de ce qui précède, les policiers ont contribué à certains pillages des banques et autres magasins des quartiers de Kinshasa, a-t-on constaté.  Il y a toujours une vérité valable et cachée derrière chaque échec ou chaque victoire. 
A l’allure où se présentent la réalité et le contexte politique, il y a fort  à craindre, naturellement, si l’opposition maintient son train ou sa série d’actions planifiées entre septembre et décembre  2016. La RDC risque d’entrer dans un cercle vicieux, même si on a observé un calme précaire à Kinshasa, après deux jours de vives tensions dans la capitale Congolaise. Boutiques, magasins, commerces ont rouvert timidement leur portes. Le dialogue national, tenu pendant environ deux semaines,  à Kinshasa, n’a pas réussi à décrisper la crise politique actuelle en RDC puisque le forum, souhaité inclusif, ne l’a pas été ni sur la forme ni sur le fond. La marche de contestation politique de l’UDPS et du Rassemblement, réprimée par la police nationale Congolaise, est née du caractère ambigu et frustrant de ce dialogue. Pourtant le chemin de ces pourparlers politiques aura été long. Environ deux ans des tractations, avant sa convocation à la cité de l’Organisation de l’Union Africaine,  dans la commune de Ngaliema, à Kinshasa. Qu’est-ce qu’il accouché ? A ou a-t-il débouché sur quoi?

Des jeunes manifestants battant les pieds le 19 septembre sur l'avenue Foire à Lemba Terminus CP: Tapie Lutunu
 « Toutes les parties prenantes ont convenu des séquences des scrutins. D’abord l’élection présidentielle, ensuite les élections urbaines et enfin municipales et locales », d’après la feuille de route signée par environ 300 participants (Majorité présidentielle, opposition politique, et société civile). La suite du feuilleton,  saute à l’œil ! Il y’aura une cogestion du pays, une transition pour organiser les élections que tout le monde souhaite libres, transparentes et démocratiques.
Une caméra publique sur l'avenue Sefu à Lemba terminus, renversée et brulée CP: Tapie Lutunu
On ignore si la formule « 1+4 » sera à nouveau d’application ou pas. Une chose est sûre, le partage du pouvoir interviendra pendant la prochaine transition en RDC. Mais la France dénonce la mauvaise intention de Joseph Kabila. Lundi 19 septembre 2016, Jean-Marc Ayrault, ministre Français des affaires étrangères et du développement international qui a senti cette intention de l’actuel président de la RDC, Joseph Kabila, de rester au pouvoir, prévient clairement :
Un groupe de jeunes manifestants sur l'avenue Foire vers "Terminus" en face de l'agence PMU CP: Tapie Lutunu
« La situation en République Démocratique du Congo est très dangereuse et extrêmement préoccupante. Il faut respecter l’ordre constitutionnel, ce qui compte c’est la date des élections. Si elles sont reportées sans cesse, cela veut dire que Kabila à l’intention de rester au pouvoir. C’est une situation qui n’est pas acceptable », a déclaré Jean-Marc Ayrault,  en marge de l’assemblée générale des Nations-Unies.  Cette intention dénoncée par le ministre Français, Jean-Marc Ayrault,  reste,  tous les jours ou presque, décriée par certains opposants. 


Des manifestants sur la route le 19 septembre 2016 CP: Sylvain Lukongo
« Il est nécessaire que le calendrier soit connu au plus vite et que le report de l’élection soit aussi court que possible. Elle invite toutes les parties à la retenue et demande aux autorités de respecter les libertés publiques, notamment le droit de manifester pacifiquement. La France souhaite que l’ensemble des acteurs inscrivent leur action dans le cadre de la résolution 2277 du conseil de sécurité des Nations-Unies et s’engagent, par un dialogue consensuel, dans la recherche d’une solution respectueuse de l’aspiration du peuple Congolais à élire ses représentants », a ajouté Jean-Marc Ayrault. Le temps est devenu court et l’étau se resserre pour revoir les soldes des policiers et autres gardes républicaines Congolais. 
Les manifestants ont incendiés le siège du RCD/Goma sur la 5ème rue Limete CP: Sylvain Lukongo
La crainte reste le même ? Le scénario vécu à l’époque de Mobutu Sese Seko se redessine. Et les mêmes têtes pensantes d’alors  du maréchal Sese Seko sont opérationnelles aux côtés de Joseph Kabila actuellement. Comme muse inspiratrice, ils aspergent ce dernier des mêmes conseils ou presque…On se demande si la RDC s’embarquer dans un cycle infernal…Un fait inéluctable tout de même : les échecs ou les victoires n’ont jamais été le fruit du hasard dans n’importe quel domaine de la vie.
Ce jeune homme a succombé après avoir reçu une balle sur la 12ème rue Limete CP: Sylvain Lukongo

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Votre commentaire demeure d'une importance capitale dans ce sujet. Il va éclairer la lanterne de plus d'un...N'hésiter pas à commenter.