Le Colonel Jean-Paul Dietrich accuse la Monusco et l'Etat Congolais dans son interview CP: DR |
En séjour de deux semaines à Kinshasa, capitale de la
République Démocratique du Congo, RDC, Jean-Paul Dietrich, de nationalité suisse,
a accepté de faire une courte analyse de la situation sécuritaire en RDC. Pour l’ancien
Porte-parole militaire de la MONUC, tant que l’Etat Congolais accusera des
faiblesses et aura du mal à combler son déficit organisationnel et sécuritaire,
la paix restera un rêve en RDC et les populations congolaises demeureront des
victimes. Le colonel Dietrich s’investit actuellement dans les travaux de
recherches sur « le renforcement des capacités civiles en maintien de la paix ».
Son voyage à Kinshasa s’inscrit dans ce cadre ou logique. Jean-Paul Dietrich est
franc. Il coupe le cordon ombilical avec la langue de bois: « Présentement,
la formule militaire de la MONUSCO n’est pas assez efficient pour stabiliser la
situation sécuritaire en RDC », dit-il.
Zaïna Kere-Kere Mishe (ZKM) : Comment vous présenter ?
ZKM : Vous aviez
exercé votre fonction pendant deux ans en RDC, la tâche était-elle facile ?
JPD : Je dirais que
c’était une tâche fascinante en dépit des moments difficiles liés à l’évolution
de la situation sécuritaire à l’Est de la RDC. Mais dans l’ensemble de
l’activité professionnelle, c’était une expérience passionnante et riche dont
on peut regretter. En tous cas je ne lamente pas cette opportunité. Je suis
très satisfait d’avoir travaillé en RDC. J’espère que mes efforts d’informer
d’une manière franche et honnête sur nos activités, ceci à travers
l’information publique de la MONUC, étaient aussi utiles pour la population congolaise.
ZKM : Quelles sont
les difficultés rencontrées dans vos fonctions ?
ZKM : Comment
obteniez-vous toutes ces informations ?
ZKM :
Considérez-vous comme échec cette bascule de la MONUC à la MONUSCO, Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation
en RD Congo?
JPD : Je ne le
considère pas comme échec. Je pense qu’on a voulu donner un autre accent à cette
mission onusienne qui est jusque-là l’une des plus importantes de l’ONU en termes
de dispositif et de budget. Il est exact que la MONUC était aussi une mission
de stabilisation parce que le but était en effet de contribuer à la
consolidation de la paix en faveur des populations congolaises. Tandis que dans
la MONUSCO, l’accent est beaucoup plus mis sur certains programmes
d’accompagnement tel que STAREC, le plan de stabilisation et de restauration
des régions affectées par les conflits, un programme créé en 2009 par le
Président Congolais, en vue de prendre la relève du Programme Amani. Le STAREC est axé sur la sécurité,
l’humanitaire et l’économie. Le volet sécuritaire tient à résoudre la question
d’insécurité par le déploiement de la police, l’armée et par la construction
des casernes. Il consiste à aider le
gouvernement à retrouver ses prérogatives régaliennes par la restauration de
l’autorité de l’Etat. Le volet humanitaire concerne la réinsertion des
personnes déplacées. Il faut faire revenir tous les déplacés chez eux et leur
trouver des occupations et d’autres. Cependant il revient au gouvernement
Congolais de solliciter et proposer des programmes aux différents organismes de
l’ONU en vue d’améliorer la situation (ndlr).
JPD : Il y’a eu
tout de même du progrès en dépit de l’actuel conflit qui a surgit au Nord-Kivu.
Par contre on constate que la situation sécuritaire se détériore aussi en Province Orientale. Le Kivu demeure le ventre
mou malgré les efforts de multiples organismes internationaux. A bien analyser,
les solutions militaires à elles mêmes ne suffisent pas. Il faut les moyens du
maintien de la paix civil pour pacifier l’ensemble de ce vaste pays, notamment
la réconciliation, la médiation, le dialogue pour enterrer la hache de guerre
qui sévit dans les différentes communautés congolaises. Au-delà , il y’a un
déficit organisationnel au niveau local. Dans certaines régions ou zones,
l’Etat Congolais accuse certaines faiblesses d’autorité. Il faut donc combler
ce déficit, continuer à construire les administrations locales et le système
judiciaire, ainsi la poursuite de la réforme du secteur de sécurité.
Actuellement, les FARDC, Forces armées de la RDC et la Police Nationale n’arrivent pas encore à assurer la défense et
la sécurité des populations congolaises. Personnellement, j’estime aussi, qu’à
l’heure actuelle, la formule militaire de la MONUSCO n’est pas assez efficient
pour stabiliser avec succès la situation sécuritaire en RDC, dont la
responsabilité principale appartient aux autorités congolaises.
ZKM : Vous voulez
dire c’est pourquoi les pays voisins en tirent profit, tel que le Rwanda ?
ZKM : Mais vous sans
ignorer que l’épine sous le pied de la RDC sont les FDLR, Forces Démocratiques pour la Libération du
Rwanda…
JPD : La MONUSCO,
selon son mandat, mène des opérations conjointes avec les FARDC pour réduire
l’influence des FDLR. Mais la source d’insécurité n’est pas vraiment la menace par
les FDLR. Il faut noter l’absence de l’autorité étatique dans certaines parties
du pays. Conséquence : des groupes d’insurgés naissent pour créer
l’instabilité. Chose que nous déplorons tous.
ZKM : Malgré cela
la RDC n’a pas une fabrique d’armes Monsieur ancien Porte-parole militaire de
la MONUC…
ZKM : Votre mot de
la fin…
JPD : Je souhaite
toutes les bonnes choses au peuple congolais. Le potentiel humain du Congo est
impressionnant. Même chez mois, en Suisse, je porte toujours le Congo-Kinshasa
dans mon cœur. Mon souhait est de voir la RDC aller de l’avant et de bâtir un
futur prospère.
ZKM : Merci.
JPD : C’est plutôt
moi qui vous remercie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Votre commentaire demeure d'une importance capitale dans ce sujet. Il va éclairer la lanterne de plus d'un...N'hésiter pas à commenter.